Les Voyages D’Erik Orsenna

2009_07_01

Erik Orsenna est un conteur délicieux et généreux qui sait poser les mots pour faire voyager son lecteur. Il décrit les processus économiques avec le regard d’un passionné. Il raconte le phénomène de la rareté comme on nous lirait une histoire. Tour à tour économiste et philosophe, il explique les tenants et les aboutissants du système globalisé en partant du cas des matières premières. « Pour comprendre les mondialisations, celles d’hier et celle d’aujourd’hui, rien ne vaut l’examen d’un morceau de tissu » affirme-t-il. Voilà un auteur qui laisse fait le dessin du monde permettant de comprendre où et comment a été produit le T-shirt acheté en soldes dernièrement. C’est quelqu’un qui définit le développement durable non comme un luxe de pays riches mais comme une réaction nécessaire à la rareté.

Pour bien des aspects, la question du coton qui concerne 35 pays africains et fait vivre plus de 16 millions de personnes en Afrique de l’Ouest, résume à elle seule le paradoxe de la gestion des matières premières : jamais la quantité et la qualité n’ont été aussi élevées ; jamais sans doute la filière n’a été confrontée à une crise financière et sociale d’une telle ampleur. La réussite éclatante des cotonculteurs africains a entraîné une dépendance accrue des pays cotonniers vis-à-vis du marché mondial. Enfin, le succès agricole du coton en Afrique n’a pas eu de relais industriel.

Un monde de ressources rares, p. 21 Lire la suite

Organic Cotton At H&M

2009_05_14

Ce matin, j’étais chez H&M pour la collection de Matthew Williamson. J’aime beaucoup suivre les créations des invités – dont Karl Lagarfeld, Rei Kawakubo de Comme des Garçons, Roberto Cavalli – et celle-ci, annoncée par la campagne publicitaire It’s time for change avec Daria Werbowy, se montre très colorée et attrayante. Une première ligne est sortie le 23 avril; j’ai donc poussé ce matin la porte de l’enseigne suédoise, où je vais de temps en temps mais dont je me méfie un peu. A l’heure où l’on parle de consommation raisonnée et de développement durable, pourquoi proposer des articles dont les couleurs s’estompent au bout de quelques lavages et dont les boutons disparaissent si l’on est un peu trop énergique ? 

Je fais donc mon marché et, à tout hasard, je regarde les étiquettes. Ce paréo aux couleurs flamboyantes chères à Emilio Pucci est en coton biologique. Oui, j’ai bien lu, 100% organic cotton made in Turkey. Comme quoi, les changements se font petit à petit dans le monde de la confection, avec une stratégie semblable à celle du cheval de Troie. Quand je travaillais à Fairtrade Inspires, qui distribue des marques engagées comme Gossypium ou People Tree, le lancement d’une ligne bio et équitable chez Primark, peu connu pour ses valeurs de qualité et de philanthropie, me semblait être le comble de l’hypocrisie. Aujourd’hui, sans faire beaucoup de publicité, Zara et autres Etam proposent des articles bio ou équitables qui répondent/créent le besoin. Collections capsules, fibre biologique: nouvelle extension disruptive des marques ?